Liliane Admin
Messages : 43 Date d'inscription : 26/06/2018
| Sujet: Les habitats légers & mobiles (en cours de rédaction!) Dim 12 Aoû - 21:38 | |
| Sources : - Habitat Plume (mobile, léger, écologique) par Christian La Grange aux éditions Terre vivante (2008) - http://www.shs.terra-hn-editions.org/Collection/?Habitat-leger-et-mobile-de-residence- https://claireeggermont.wordpress.com/2015/10/01/habitat-leger-une-autonomie-difficile-a-acquerir/- http://www.ecoconso.be/fr/content/pourquoi-choisir-de-vivre-dans-un-habitat-leger- https://toitsalternatifs.fr/conseils-pratiques/legislation-et-habitat-alternatif-loi/1/ Qu'est ce qu'un habitat léger?Un habitat dit léger est un habitat ne nécessitant pas de fondations. Plus petit qu'une maison traditionnelle, l'habitat léger peut également être déplaçable- s'il ne l'est pas, il minimisera son impact sur l'environnement en adoptant des matériaux de construction naturels et biodégradables. Les exemples les plus connus d'habitat légers sont la yourte, la tente, la caravane, le cabanon et la tiny house, mais ils en existent bien d'autres. Au delà de la différence de technique et d'impact environnemental, l'habitat léger se démarque de la maison classique par son faible coût de construction. Le site belge Ecoconso donne ainsi les chiffres suivants : Type de logement | Prix d'achat moyen | Maison ordinaire | 224 000 euros | Appartement/Studio | 231 000 euros | Tiny house | 10 000 à 100 000 euros | Yourte neuve | 7 000 à 22 000 euros | Caravane d'occasion | 1000 à 30 000 euros | Roulotte | 10 000 à 100 000 euros |
Ces chiffres concernent plutôt l'achat d'habitats prêt à installer, mais souvent, habitat léger est synonyme d'autoconstruction et de matériaux locaux voire de récupération. Le prix peut alors beaucoup baisser. L'association AVRIL, dans son étude de 2011, évalue à 500 euros une caravane, à 2000 euros une yourte et à 5000 euros un camion aménagé. Claire Effermond, qui a écrit un article sur le sujet sur son blog en 2015, évoque quant à elle les 800 euros pour un tipi, les 2000 euros pour une maison en terre et en paille et 3000 euros pour une belle yourte. Les chiffres varient donc beaucoup, mais le consensus reste le même : choisir l'habitat léger, c'est opter pour une solution économique. C'est d'ailleurs principalement de là que vient son récent succès, la crise du logement en France touchant aux dernières nouvelles près de 15 millions de personnes [23ème rapport annuel de la Fondation Abbé Pierre]. Étudions d'un peu plus près les habitats légers les plus courants : A) La yourte La yourte est un habitat millénaire qui fait partie de l'histoire des tribus nomades de l'Asie centrale. Elle se caractérise par sa forme circulaire et sa capacité à être démontée et déplacée facilement. Sa structure s'articule en 2 parties : - Les parois : La yourte s'appuie sur un treillis circulaire très léger, constitué de lattes de mélèze ou de châtaigner assemblées en quinconce à l'aide lanières en cuir ou de cordelettes. La porte est insérée entre les treillis. Une sangle de tension entoure le tout pour éviter que le treillis s'évase sous le poids de la toiture. - La toiture : Elle est constituée de perches droites ou légérements courbées, nouées en bas aux croisillons supérieurs et encastrées au sommet dans une couronne centrale appelé toono. Cette couronne laisse passer la lumière, permet l'aération et l'évacuation des fumées. Elle peut être couverte d'un morceau de tissu par temps de pluie, ou plus durablement coiffée d'une coupole de Plexiglas. - Structure d'une yourte:
Cette structure de base peut être enrichie d'un plancher circulaire, de fenêtres...Une fois que ce squelette est prêt, on pourra le couvrir de tissus. Traditionnellement, ce sont des couvertures de feutres qui sont utilisées, mais cette matière n'est pas du tout adaptée à nos contrées humides. Du coton, du lin ou du chanvre imperméabilisé, ignifugé et imputrécible constitue une meilleure option. On peut ajouter une bâche transparente en PVC pour plus de précautions. Avoir une toiture débordante pour éviter les ruissellements sur les murs est également une bonne idée. En terme de chauffage, la yourte est particulièrement adapté à un chauffage au bois par le sol ou par un poële en fonte. Comme il est nécessaire de chauffer beaucoup en hiver ici et que la yourte est très étanche, il est conseillé de prévoir une ouverture de ventilation pour ne pas étouffer. Un autre point sensible est la possible invasion par des rongeurs - mieux vaut soigner le sol et les coutures de la bâche. Enfin, notons que la yourte "de base" n'est pas forcément l'habitat le plus adapté aux technologies d'autonomie modernes : panneaux solaires (pour l'électricité et le chauffage de l'eau), éolienne, appareillage hydraulique, système de phytoépuration...Et qu'il peut être intéressant de l'améliorer, notamment en la croisant à d'autres d'habitats légers : l'isoler avec des bottes de paille, tenter un toit en cône pour récupérer l'eau de pluie, etc. B) Le tipi Le tipi est l'habitat nomade des Indiens des plaines. Tout comme la yourte, il se caractérise par une forme circulaire (ou plus précisément en dodécagone) et une très bonne mobilité. Il est cependant plutôt plus petit et a une structure plus basique. Son squelette est constitué de 12 perches, dont 2 destinées aux oreilles de ventilation. Cette base est ensuite couverte de toile, historiquement des peaux de bisons cousues entre elles (aujourd'hui on utilisera plutôt du coton traité). Des broches en bois constituent la fermeture finale au montage. Au sommet, 2 grandes oreilles d'aérations reliées à des perches dédiées permettaient de s'orienter par rapport au vent (l'arrière du tipi doit être tourné vers les vents dominants). La partie inférieure d'un tipi était doublé d'une toile (le liner) permettant d'isoler les courants d'airs venant du sol et l'humidité ruisselant le long des perches. En hiver, on ajoutait un faux plafond en tissu (ozan) et des broussailles derrière le liner pour avoir une meilleure isolation. L'entrée était ronde et fermée par un rabat de peau. Un récupérateur d'eau de pluie peut être fixé sous l'ouverture du toit. Je n'ai pas trouvé énormément de témoignages sur la vie en tipi, mais les arguments positifs qui ressortent sont la facilité de montage, une bonne ventilation, une bonne isolation (j'avoue avoir un doute sur ce point) et une belle luminosité. Côté critique, le tipi est reconnu comme difficile à chauffer et globalement synonyme de vie à la dure (on est en contact avec le froid, l'humidité, on doit faire attention au vent et à la pluie, on consacre beaucoup de temps aux tâches ménagères, les invasions de rongeurs sont fréquentes...). Des variantes au tipi existe, comme le Wigwam, plus sphérique. C) Les dômes et les zomes On reste dans les constructions circulaires avec les dômes géodésiques et les zomes. Le premier dôme géodésique a été créer en 1922. On peut définir ces dômes comme des hémisphères dont la structure est formée d'une juxtaposition d'éléments géométriques identiques, généralement des triangles. Ce squelette, qui demande un peu de précision à l'assemblage, à l'avantage d'être très léger et solide à la fois. Il est entièrement autoporteur, aucun pilier ne vient donc encombrer l'espace intérieur. Enfin, il permet d'économiser considérablement les matériaux de construction (on utilise l'équivalent d'un 50ème des ressources nécessaires à un projet de construction classique), et donc le coût et l'impact environnemental. Une fois le squelette construit, on peut le recouvrir d'une toile pour en faire un habitat nomade...Mais aussi le sédentariser en utilisant du bois, du verre, de l'argile, de la chaux, etc. Le dôme classique est cependant difficile à étancher, d'où la naissance un peu plus tard du zome, qui reprend l'idée d'un agencement de formes géométriques mais plutôt en double-spirale et qui se termine donc en pointe. Le dôme comme le zome ont l'avantage d'être économes en énergie, notamment en termes de chauffage, grâce à leur forme sphérique. On peut encore accentuer cet avantage en prenant garde à bien l'isoler (de la laine en isolant en laissant un espace avec la toile externe comme dans le tipi pour évacuer l'humidité, un toit en toile bien imperméabilisée, une baie vitrée côté sud pour récupérer la chaleur du soleil, un poêle à bois efficace pour l'hiver ). En revanche, tout comme la yourte, il peut se heurter à des problèmes de ventilation. Il peut être pertinent de le coupler à un puits canadien. L'article wikipedia sur le sujet explique les dômes ne sont pas vraiment adaptés à un habitat permanent et sont plus intéressants en tant qu'installation temporaire, et ce pour les raisons suivantes : -Bien qu'il faille moins de matériaux que pour une construction classique, ceux-ci sont plus difficiles à trouver (le bois doit être coupé en triangles, les fenêtres doivent être faites sur mesure, le raccordement électrique est plus complexe aussi) ; - Il est difficile de s'étendre ou de compartimenter un dôme (l'intimité y est inexistante) ; - Des matériaux non naturels et photosensible comme le plastique sont utilisés - Le bois du squelette s'abîme aussi rapidement à cause de l'humidité - Les murs arrondis font qu'il est difficile d'aménager le dôme (on ne peut pas simplement y fixer des étagères, y accoler un canapé droit...tout doit être fait sur mesure). D) Les roulottes La roulotte est sous nos latitudes le symbole de la vie nomade. Assimilée aux manouches, aux gitans et aux roms, la roulotte se présente traditionnellement comme un studio rectangulaire, tout en bois et sur roues. Aujourd'hui, on trouve bien sûr des modèles plus modernes, proche du camping-car. E) Les camions ou vans aménagés ... F) Les cabanons ou tiny house ... G/ Les autres (Earthship, Kerterre, Earthbag...) ... 2/ Pourquoi vouloir vivre dans un habitat léger?
- L'avantage économique : On l'a vu, l'habitat léger coûte bien moins cher à construire que l'habitat traditionnel (moins de matériaux, matériaux locaux ou recyclés, pas de permis de construire [à ce sujet voir la partie 3]...). Il coûte aussi bien moins cher à démanteler, car soit mobile, soit construit en matériaux recyclables. Si cet avantage peut se traduire par des retombées sympathiques (ne pas passer 20 ans à rembourser un emprunt permet notamment d'avoir un rythme de vie professionnel moins soutenu et ainsi de passer plus de temps à se consacrer à ses propres projets), il a aussi un côté sombre. Aujourd'hui, beaucoup de personnes vivent à l'année sur des campings à l'année, ou sur des terrains non constructibles en se cachant (car c'est illégal), car ils n'ont pas réussi à obtenir de logement social (seule une demande sur 3 est satisfaite) et que c'est leur dernière alternative avant la rue. Si cela leur permet de reconquérir autonomie, dignité et liberté, ce n'est néanmoins pas idéal, car ce sont des adresses non reconnues ne permettant pas de bénéficier des aides financières (CAF, RSA...) ni de voter. Vivre en communauté peut alors être une solution intéressante (pour pouvoir payer un terrain et unir ses efforts).
- La requalification des compétences et des savoirs : L'habitat léger, on l'a vu, est souvent synonyme d'autoconstruction. Cette caractéristique conduit à ressentir plus d'affection pour l'habitat fini, qui matérialise une histoire vécue. C'est aussi une source de fierté, de voir qu'on a réussi à faire quelque chose de beau et de pratique, et qu'on va continuer à l'améliorer pour le rendre plus confortable et fonctionnel. On est dans l'accomplissement de soi, on se découvre de nouveaux talents, c'est très valorisant!
- La réouverture des milieux agricoles et naturels : L'habitat léger est une bonne alternative pour lutter contre la désertification des campagnes. Il permet notamment de ramener des populations jeunes dans les milieux ruraux. Souvent, l'habitat léger s'accompagne d'une exploitation biologique - il est alors vecteur d'une relocalisation d'activités de culture. L'habitat léger peut aussi dynamiser un territoire par le tourisme vert (bien que cela dépende de la philosophie de vie des porteurs de projet).
- L'écologie : L'habitat léger est par nature plus écologique : étant démontable ou biodégradable, il ne laisse pas d'empreinte durable sur le territoire ; étant plus petit qu'une maison classique, il nécessite moins de matériaux de construction, moins de chauffage et pousse à moins s'encombrer ; il s'appuie sur sa propre production d'énergie, souvent issue de ressources renouvelables (soleil, vent, bois)...Outre ces avantages intrinsèques, la vie en habitat léger favorise la prise de conscience environnementale, car le contact avec la nature y est bien plus direct. On fait alors plus attention aux produits cosmétiques et d'entretien utilisés, on utilise les ressources avec modération, on se lance dans son propre potager...
- La recherche d'autonomie : Vivre en habitat léger, c'est aussi gagner en autonomie sur de nombreux plans. La plus évidente est l'autonomie économique : en n'ayant plus à payer un loyer ou à rembourser un prêt tous les mois, on est moins enchaîné par le besoin absolu de travailler en permanence - ce qui permet de dégager du temps libre pour profiter de sa famille, cuisiner, réfléchir, participer à des associations...Les habitats mobiles étant rarement raccordés au réseau, on gagne aussi en autonomie côté énergie, voir côté eau si on installe un récupérateur d'eau de pluie & des toilettes sèches. Et en étant entouré de verdure, la tentation de cultiver son propre potager est vite là, ce qui permet de gagner en autonomie alimentaire.
- La vie en communauté : Ce dernier point concerne particulièrement les écovillages, souvent constitués au moins en partie d'habitats en léger. La vie en communauté comporte des avantages très concrets comme la mutualisation des moyens humains et financiers, la possibilité de gagner en autonomie en répartissant le travail à faire, une plus grande force juridique et politique...C'est aussi une belle opportunité pour construire une véritable vie de communauté et retrouver du lien social en organisant des projets à impact positif ensemble.
Il y a donc une multitude de raisons de choisir l'habitat léger. Il ne faut donc pas uniformiser les habitants d'habitats légers mais au contraire les singulariser : certains sont là par philosophie de vie (ex : les décroissants), d'autres n'avaient que là où aller (ex : les personnes en difficulté financière), certains fuient la ville (ex : les électrosensibles), d'autres font du nomadisme une tradition (les gens du voyage)...Toutefois, il faut reconnaître que l'habitat léger s'inscrit remarquablement bien dans la lignée de la simplicité volontaire, du minimalisme, du désencombrement et du zéro-déchet. - Ce qui reste à rédiger:
3/ Les difficultés inhérentes à l'habitat léger (juridique + autres)
D’une part, les récits dépeignent l’autonomie individuelle et collective des habitants, mais de l’autre, ils révèlent les dépendances auxquelles ils consentent en « adoptant » ce type d’habitat, particulièrement les sujétions pour subvenir quotidiennement aux nécessités vitales : s’abriter, se chauffer, se nourrir... Au demeurant, l’observation montre que la dépendance compose aussi avec la faiblesse des ressources économiques, l’adaptation aux aléas saisonniers climatiques et les errements de normes et règles juridiques. Nous allons voir qu’elle suppose aussi une réelle capacité d’accommodation aux groupes sociaux environnants : voisins, habitants, élus, collectivités, administrations. La vie communale est multiforme, il y a plusieurs groupes, il est donc difficile de répondre à la question de l’intégration, car personne n’est réellement intégré, si ce n’est au sein de son cercle. La caractéristique de la personne qui habite en cabane sur la commune est qu’elle n’appartient à aucun groupe, donc elle est perçue comme en dehors par tous les autres Il y a une différence de monde et de génération à prendre en compte dans l’incompréhension avec les anciens estime Jean, car la « simplicité est associée à la précarité dans leur esprit » : Quand les anciens m’ont vu ressortir et utiliser ces outils, ça leur a mis la larme à l’œil. Mais, pour eux, ils sont associés à une époque de misère ! (...). Eux, ils ont bossé toute leur vie pour arriver à se payer un tracteur et, aujourd’hui, ils nous voient travailler la terre à la main, avec leurs vieux outils et la traction animale, ils ne comprennent plus ce qui se passe ! Il ne faut surtout pas juger, mais essayer de comprendre pourquoi ils pensent ainsi, comprendre leur colère, leur histoire 35. Pour que les nouveaux arrivants s’intègrent, il faut qu’ils se présentent à l’ensemble des habitants du territoire et qu’ils créent de la communication. La Cévenne Lozérienne est un pays protestant ; il y a donc ici un très fort rapport à la terre et au travail. C’est grâce à eux que tu vas te faire reconnaître par les anciens, c’est très important ici ! Il faut passer l’hiver qui est long et rude, être actif et après tu peux commencer à être reconnu. Beaucoup de gens arrivent avec tout un tas de rêves et l’envie de s’installer, la coutume locale est de dire : “qu’ils passent un hiver et après on verra bien !” 36. En contrepoint, les habitants témoignent qu’avec le temps, il y a « plus de bienveillance que de médisance », voire des marques de considération mutuelle. Mais même s’il porte les plus nobles valeurs, le rêve de construire son nid dans la nature, dans le plus grand respect de tous et du Tout, s’avère aujourd’hui pour certains un véritable cauchemar. Interventions de la force publique, expulsions, amendes, destructions des habitats par des moyens parfois brutaux, flou juridique et durcissement des lois, concurrence entre les divers organismes de l’état pour statuer en la matière, le contexte laisse de moins en moins de place à ces initiatives autonomisantes. Ainsi, rien qu’en l’an 2000, on recense plus de 7000 interventions effectives de la force publique pour expulsion. « Il est tout à fait contradictoire que les mêmes pouvoirs qui s’avèrent incapables d’assurer un logement et un revenu fiables à tous empêchent les personnes qui le souhaitent d’y apporter leurs propres solutions ». « En pleine crise du logement, on veut nous expulser des terrains où nous vivons et nous mettre dans des logements sociaux alors qu’il y en a déjà pas assez pour ceux qui en voudraient bien. En pleine crise écologique, ceux qui vivent en harmonie avec la nature et adoptent des comportements responsables voient leur mode de vie interdit par les autorités ! En pleine crise de l’emploi, on veut détruire la vie de ceux à qui un travail à mi-temps suffit pour vivre » Quelques conseils – Consultez le PLU ou le POS de la commune pour savoir si le terrain que vous convoitez est constructible ou non – Demandez le certificat d’urbanisme qui détaillera le PLU – Rencontrez et entretenez de bons rapports avec les agriculteurs, les chasseurs, les riverains, les écologistes, les voisins (ce sont souvent eux qui portent plainte contre les installations en habitat léger). – Soignez vos relations avec le maire et la municipalité, participez à la vie locale, faites connaître votre lieu, expliquez votre démarche. – Adressez-vous au maire et à la DDE qui traiteront au cas par cas votre demande ! Législation et habitat alternatif : c’est tout un programme car posséder un terrain ne veut pas dire qu’on a le droit de s’y installer librement. En effet, le code de l’urbanisme impose une déclaration à la mairie pour toute installation supérieure à 3 mois. avant la loi ALUR votée et validée en 2015, le logement alternatif était victime d’un vide juridique.Plusieurs personnes ont même été condamnés pour avoir fait le choix de vivre autrement Sur le site du gouvernement on peut lire : « Il existe des dizaines de formes et de variétés d’habitat léger : yourte, tipi, roulotte, mobile home, caravane, etc. Toutes ont en commun d’être démontables, mobiles et synonymes d’un mode de vie fondé sur la sobriété et l’autonomie. Bien souvent, ces installations sont agrémentées de panneaux solaires, d’éoliennes, de bassins de phyto-épuration, de jardins potagers, de vergers, etc. Le développement, somme toute récent, et la diversification de ces alternatives au logement classique ont rendu nécessaire de revoir la réglementation. Dans différentes régions de France, l’installation de ces formes d’habitat mobile ou léger a en effet pu poser question du fait d’un cadre juridique inadapté. » Pour êtres reconnus comme tels, ces habitats légers doivent répondre à un certain nombre d’éléments dans le « cahier des charges » : • l’habitat doit être démontable • son installation est effectuée sans intervention d’engins lourds et aucun élément le composant, ou composant son aménagement intérieur, n’est inamovible • le raccordement doit être effectué, le cas échéant aux réseaux d’eau, d’électricité et d’assainissements collectifs, de façon à ne pas impacter les budgets des collectivités locales via la création de nouveaux réseaux • l’usager de l’habitat doit veiller à la propreté, à la salubrité et à l’entretien des lieux pour éviter les incendies. Dorénavant, avec la loi ALUR qui a fait en sorte que législation et habitat alternatif soient compatibles, les communes pourront définir sur le plan d’urbanisme (PLU) des terrains où ces habitats alternatifs auront l’autorisation de s’installer (en zones urbaines mais aussi dans les « pastilles » : zones agricoles ou naturelles, qui sont normalement non constructibles). Si le terrain n’est pas desservi par les réseaux publics (eau, assainissement, électricité), il sera dorénavant possible d’installer ses propres équipements. Mais dans ce cas, une attestation devra être fournie à la mairie pour « s’assurer du respect des règles d’hygiène et de sécurité, notamment de sécurité contre les incendies, ainsi que des conditions dans lesquelles sont satisfaits les besoins des occupants en eau, assainissement et électricité ». Pour les habitats alternatifs comme la yourte qui font moins de 40m2, une simple déclaration préalable à la mairie suffit. Pour les habitats de plus de 40m2, il faut un permis d’aménager (Voir ici pour télécharger le permis d’aménager). Vivre autrement n’est plus interdit par la loi. Mais au final, la Loi ALUR donne à la municipalité le pouvoir d’accepter ou non votre habitation alternative. Rapprochez-vous de votre mairie.
4/ Les possibilités d'évolution autour de l'habitat léger
Le témoignage de Hugo nous amène à considérer la plurifonctionnalité de l’habitat, support de l’expérience associative et de l’activité collective. Il a fondé l’EcOasis de la Pinsole dans la commune de Vanosc, plus connu sous le terme de Pré aux Yourtes, qui accueille 3 yourtes-habitats de 23, 28 et 38 m2, une yourte collective de 57 m2 pour les activités, et une yourte de bain-hammam de 12 m2. Espace de polyculture extensive vivrière, les 11 hectares de prairies ont permis la mise en route d’un jardin bio, la plantation d’arbres fruitiers et petits fruits, des plantes aromatiques, l’installation d’un rucher et d’un polyélevage (brebis, chevaux, basse-cour). C’est aussi un lieu d’activités de constructions écologiques (yourtes, tipis, ossatures bois, concentrateurs solaires...), ainsi qu’un espace de conseils et d’animation de stages : marche, balade à cheval, cueillette de plantes comestibles, stage de danses, concert acoustique, projection de documentaires d’éducation populaire 18... Si l’association ne peut pas être constituée dans le but de réaliser des profits pour les adhérents, elle peut l’être dans le but de permettre à ses membres de profiter d’économies résultant de ses activités, ce qui explique en partie l’évolution progressive des associations vers des formes sociétaires, au gré de la diversification des activités. Les habitants s’inscrivent dans la définition de l’individu autonome proposée par Cornélius Castoriadis, l’autonomie ne signifiant pas seulement faire ce que l’on désire mais se donner ses propres lois, dans une démarche d’émancipation, de rupture avec un imaginaire économique, social et culturel construit par les mythes du progrès et de la croissance 21. De ce point de vue, l’habitat léger est présentée comme un bon moyen pour « mettre en avant des projets », pour « créer sa propre activité en accord avec ses propres valeurs », ou encore initier des « activités peu coûteuses qui bénéficient aux gens qui t’entourent », en dynamisant les échanges par le biais du troc, de l’entraide, de circuits courts. On a dû stopper les travaux de la maison par manque de moyens, mais grâce à l’habitat léger, on peut continuer à vivre comme on le désire, on peut rester autonome et libre de décider si l’on souhaite travailler ou pas, car on est redevables envers personne. On sait que cela ne va pas durer éternellement car les enfants vont grandir, qu’il va peut-être falloir gagner en confort. Mais pour l’instant ça fonctionne, ça répond à nos besoins du moment ! 25 D’une manière générale, l’installation en habitat léger sur un lopin de terre permet de répondre par soi-même et par l’échange à ses besoins vitaux et de s’autonomiser ainsi des aides de l’état. Des activités pour l’auto-consommation (potager, poulailler, ruches, coupe du bois, ramassage des fruits et plantes sauvages, etc.), alliées à la production de biens et de services à échanger ou à vendre (artisanat, confitures, pain, débroussaillage, menuiserie, maçonnerie, etc.), suffisent pour une subsistance de base, une sobriété heureuse. L’installation en habitat léger expérimente tout un panel de pratiques écologiques (matériaux naturels et biodégradables, panneaux photovoltaïques ou petites éoliennes, captage d’eau de source, récupération de l’eau de pluie, phyto-épuration, toilettes sèches, jardin bio, etc.). Les personnes concernées cherchent à intégrer au mieux leurs habitats dans le paysage et l’environnement. En outre, elles s’occupent à revaloriser le patrimoine rural à l’abandon, entretenir les forêts pour prévenir les risques d’incendies, remonter les murets écroulés, replanter des arbres. Ce n’est pas qu’une empreinte écologique minimale qui est ici recherchée mais un impact positif de l’humain sur sa terre d’accueil, la restauration de l’équilibre naturel. Vivre en habitat léger, c’est avant tout se réapproprier sa vie et s’autoriser à rêver, exalter sa créativité en faisant appel à l’intelligence des mains, retrouver l’amour du travail constructif, sortir d’une société cloisonnée et compétitive pour recréer du lien social et de l’entraide, quitter la frénésie d’existence et la superficialité pour se reconnecter à la nature et à l’essentiel, savourer une nouvelle douceur de vivre agriculturelle. « En réinvestissant l’espace rural, nous faisons vivre le tissu social et économique environnant. Nos enfants maintiennent les écoles là où elles seraient fermées, nos emplettes font vivre les commerçants, nos bras nettoient, cueillent, oeuvrent aux besoins locaux. Notre musique, nos chants, nos spectacles font vivre les foyers ruraux. Nous participons à la vie locale et nous enrichissons toutes les sphères de la vie rurale. » (Réseau Habitat Choisi).
Dernière édition par Liliane le Sam 18 Aoû - 0:01, édité 3 fois | |
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